Le personnage de roman du XVII° siècle à nos jours

I. Introduction
     A l’origine, le terme « roman » désigne tout récit écrit en langue romane, mais c’est à la fin du XVII° que le genre prend son essor, bien qu’encore peu représenté et donc mineur. Le premier grand roman « classiques » est La Princesse de Clèves (1678), qui apparaît comme le fondement du roman moderne (à l’époque considéré comme une nouvelle du fait de sa longueur, largement inférieure à ce qui se faisait à l’époque, mais aussi du fait qu’il est simplifié pour le genre).
Le roman évoluera au fil des siècles pour donner un genre très hétéroclite.
     • XVII° : le roman est encore considéré comme un sous-genre, il a une notoriété moindre face à la poésie, la comédie, la tragédie. Il est considéré comme immoral. Le roman d’analyse qu’est La Princesse de Clèves ouvre la voie de l’analyse psychologique, de la réflexion sur l’Homme et ses passions. Le public y voue un grand intérêt.
     • XVIII° : siècle des Lumières. Le roman se diversifie, il est en plein essor, on distingue plusieurs formes dont le roman ironique (Jacques le Fataliste et son maître de Diderot), le roman libertin (Les liaisons dangereuses de Laclos, Les égarements du cœur et de l’esprit de Crébillon), le roman épistolaire (Les liaisons dangereuses de Laclos, Lettres persanes de Montesquieu).
     • XIX° : le roman est un genre enfin reconnu. Au début du XIX°, le courant romantique domine, avec l’expression des sentiments. Vers 1830, il est détrôné par le Réalisme (Stendhal, Balzac, Flaubert) puis le Naturalisme (Zola, Maupassant) qui seront les 2 courants dominants. Le héros se rapproche de l’individu, il évolue dans une société qui n’est pas exempte de vices, il rend compte de sa société.
     • XX° : le roman moderne est en marche. Il y a une contestation du modèle romanesque, le personnage est remis en question, la dimension héroïque n’est plus prioritaire. Naissance du Nouveau Roman dans les années 1950 (période d’après-guerre) qui veut rompre avec l’intrigue linéaire et les personnages à la psychologie cohérente. On voit aussi apparaître le Surréalisme et l’Absurde. La 2nde guerre mondiale bouleverse l’écriture qui devient plus sombre, plus négative, les rêves semblent s’être envolés (c’est aussi visible dans le théâtre avec Beckett, Ionesco, etc.).

II. Quelques sous-genres du roman
     - Le roman didactique : en 1699, Fénelon écrit Les Aventures de Télémaque, qui expose des péripéties baroques propres au récit de voyage, afin de former le Duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV.
     - Le roman-mémoires : qui s'amuse à rapporter des récits enchâssés, c'est-à-dire imbriqués les uns dans les autres (Manon Lescault de Prévost).
     - Le roman autobiographique : un personnage fictif raconte sa vie, son ascension sociale
     - Le roman de mœurs
     - Le roman épistolaire : par lettres, qui représente une grande production, avec Les Lettres Persanes de Montesquieu, Les Liaisons Dangereuses de Laclos.
     - Le roman libertin : Laclos avec Les Liaisons Dangereuses, Sade et son lot de jeunes filles bafouées (Justine) Crébillon fils (Le Sopha, Les Egarements du cœur et de l'esprit) qui condamne sa société, repaire de libertins cyniques et cruels, antipathiques et malheureux. Le genre explose littéralement entre 1740 et 1750. L'ambiguïté de ces romans réside dans la dénonciation, sincère ou non, du libertinage.
     - Le roman ironique
     - Le roman policier

III. Le personnage de roman, qui est-il ?
          1) Une création
Le personnage est ce que l’auteur veut en faire pour servir son but. Il représente une personne. Il peut avoir un nom et un prénom, comme il peut être anonyme. C’est dans la plupart des cas un personnage fictif, inventé ou inspiré – partiellement ou totalement. Il peut donc être un personnage historique (comme Edison dans L’Eve future) ou imaginé (Victor Frankenstein).

          2) De l’insignifiance au détail
Dans le roman, le personnage est une personne, il a une dimension physique, psychologique, morale, il parle. Ces points sont plus ou moins travaillés selon l’œuvre et selon leur but : le lecteur peut s’identifier à certains personnages selon le degré de vraisemblance qu’ils dégagent. Ce n’est pas une chose statique, le personnage évolue tout au long de l’histoire, à travers ses expériences, grâce aux autres personnages.
En général, on a un minimum de données qui peuvent être : sexe, âge, statut social, traits physiques et psychologiques. Plus un personnage est construit, plus on en sait à son propos, et plus le lecteur s’en sentira proche.

          3) Les types de personnages
Il peut être porte-parole, c’est-à-dire qu’il représente l’auteur et ses idéaux.
On trouve les personnages identitaires, auxquels l’auteur a attribué une part de lui-même.
Il y a aussi les personnages distanciés, objectifs, qui sont des créations « propres à elles-mêmes ».
Les personnages contestés s’opposent au personnage traditionnel, à la psychologie classique.
Les personnages ont une valeur dans l’histoire, on leur donne une importance plus ou moins grande, voire une insignifiance (qui permettrait d’opposer 2 sujets).

     • Le héros du roman : personnage principal, moteur du récit et le centre de l’univers mis en place par l’écrivain. Peut prendre des formes très diverses et transformer, par son action, le monde qui l’entoure.
     • Les personnages secondaires : personnages qui entourent le héros et qui interviennent de manière régulière dans le récit : ses amis ou ennemis, les membres de sa famille, ses relations de loisir ou de travail. Ils contribuent à caractériser le héros et à la rapprocher d’un être réel.
     • Les personnages d’arrière-plan : personnages, même caractérisés avec précision, qui n’apparaissent que de manière ponctuelle. Comme dans la vie réelle, ils sont liés à un lieu ou à une situation vécue par le héros, qui ne les retrouvera plus dans la suite du récit. L’univers du roman est aussi peuplé de personnages anonymes ou fugitifs que croise le héros ; ils contribuent à l’animation de l’espace romanesque.

IV. Les personnages selon les siècles
(partie issue du manuel « Méthodes & Techniques » pages 143 et 149)
Pour des raisons de droits d'auteur, seuls les titres seront mis en ligne. Vous pouvez ou bien vous procurer le manuel, ou bien faire quelques recherches sur internet à propos de l'évolution du personnage au fil du temps.


          1) XVII° : un modèle moral
          2) XVIII° : une quête de liberté
          3) XIX° : le sacre du personnage de roman
          4) XX° : le renouveau du personnage

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